30 mars 2012

Journée Nationale de L'allaitement Maternel




Pourquoi encore aujourd'hui, alors que les taux d'allaitement augmentent de nouveau grâce aux efforts conjugués  des femmes, de nombreuses  associations et de certains professionnels de santé qui commencent enfin à y être davantage formés... pourquoi entend-on encore des questions anxieuses de futures mamans : "Je ne sais pas si je vais arriver à allaiter ?"

"Cette année, lors de cette 4ème JNA subventionnée par le Ministère de la Santé, la Coordination Française pour l'Allaitement Maternel a choisi des interventions qui rappellent à chacun d’entre nous que l’allaitement est un temps fort de la vie des femmes, des familles et des bébés, et qu’il fait partie intégrante de notre quotidien. Petit à petit les choses bougent en France, des expériences innovantes voient le jour, au travail, chez l’assistante maternelle, en crèche… Les équipes des maternités, de PMI, les médecins, sages femmes, puéricultrices, infirmières, auxiliaires de puériculture, aides soignantes, membres des associations d’usagers, professionnels de la petite enfance se forment pour mieux aider les mères à poursuivre l’allaitement selon leur désir, et même quand une maladie survient."

En attendant la Semaine Mondiale de l'Allaitement Maternel , la Journée Mondiale de l'Allaitement fait le point sur les moyens d'aider les mères et leurs bébés...

23 mars 2012

Les apprentissages autonomes Partie 2 - Solutions concrètes et pistes pour aider les enfants et adolescents à apprendre


La semaine dernière nous avons vu comment « les enfants transforment leur expérience en connaissance », exactement comme le chercheur ou le scientifique (mais contrairement aux clivages imposés dans les programmes scolaires, l'un et l'autre sont en fait un même processus). Nous avons vu avec John Holt, auteur des apprentissages autonomes (aux éditions l'Instant Présent), que « si nous essayons de contrôler, de manipuler ou de dévier ce processus, nous le dérangeons » et que « si nous prolongeons trop longtemps notre interventionnisme, le processus s'arrête et le scientifique indépendant en l'enfant s'efface. »
Permettre à l'enfant de faire ses propres connexions est un inestimable cadeau ! Ce devrait être un droit au même titre que l'amour, la nourriture et l'air... « Nous pouvons lui dire quelle est la connexion. Pour autant, nous ne devons pas supposer que, parce que nous le lui avons dit et parce qu'il peut le répéter , il en a réellement connaissance. Il doit la découvrir par lui-même.
Je ne dis pas que les enfants doivent tout découvrir sans aucune aide. Nous pouvons les aider de plusieurs façons. Nous pouvons mettre à leur disposition les ressources facilitant les découvertes. L'apprentissage est un processus de découverte, et si nous voulons qu'il se fasse, nous devons en créer les conditions favorables. Nous savons quelles sont ces conditions : elles comprennent le temps, le plaisir, la liberté et l'absence de pression. »

On « demande souvent aux enfants de répéter comme quelque chose de logique, quelque chose qui ne leur semble pas du tout logique, au point qu'ils renoncent à réconcilier ce que disent les gens sur le monde et ce qu'ils ressentent réellement de ce monde. Ils acceptent comme une vérité tout ce que l'autorité dit être la vérité. Ils n'essaient plus de vérifier ou de tester. Ils finissent très vite par oublier comment tester d'ailleurs. Oh bien sûr c'est facile de tester que l'eau bout à telle ou telle température ; mais la plupart de nos connaissances, la majeure partie de ce qu'on nous demande d'accepter comme vérité, ne peut être testée aussi facilement. Je ne peux pas mettre en place des contrôles expérimentaux pour tester ce que les gens me racontent au sujet de l'histoire, de l'économie ou de la nature humaine. Je dois confronter et assimiler ce qu'ils disent à l'aune de ma propre vision du monde. »

Comment accompagner l'enfant ou l'adolescent dans son parcours d'apprentissages ?

On peut déjà dire qu'il « apprendra plus et mieux si ses apprentissages sont motivés » par le « travail sérieux » d'un « adulte » référent ou de plusieurs, « plutôt que par des travaux scolaires. » Et pour ce qui est des « mathématiques, physique, etc C'est toujours mieux quand ces matières trouvent leur origine dans la réalité. » Adultes et jeunes de tous âges peuvent s'associer réellement et sans hiérarchie dans des recherches très sérieuses et à la rédaction de leurs travaux. (un exemple en est donné par John Holt dans son livre pages 62 et 63, que je vous laisse découvrir en le lisant)

Au pays des nombres

« Je suis sûr que bien des enfants auraient envie d'apprendre l'arithmétique et l'apprendraient facilement si c'était interdit. »
Les enfants et bon nombre d'adultes verraient les nombres comme une étrange « procession de petites créatures la première appelée Un, la seconde Deux, la troisième Trois, et ainsi de suite. Ensuite ces petites créatures se livrent sans doute à des danses mystérieuses et insensées que l'on commente en disant des choses comme « Deux et Deux font Quatre » (…) certainement , en partie, la raison pour laquelle ils avaient tant de problèmes avec » les nombres.
Les pédagogies « nouvelles » ont partiellement compris l'importance extrême que l'on n'enseigne pas à compter aux enfants en l'absence de vrais objets ; mais ils privilégient bien vite la comptine numérique (Un, deux, trois...) qui « n'a pas forcément grand rapport avec la compréhension de ce que sont les nombres. (…) Ça ne devrait jamais être d'abord « trois » ou « sept » tout seul, ais toujours « deux pièces », « trois allumettes », « quatre cuillères » ou toute autre chose qu'on a sous la main. Certains enseignants partagent bien cette idée et la pratique pour bonne partie, comme celle de permettre aux enfants de voir les nombres un coup alignés en rang, un autre arrangés en triangle ou en carré, pentagone, ou comme sur les dés, les nombres n'étant plus figés mais bien une représentation concrète , avec des correspondances à découvrir par soi-même autrement qu'en comptant, au moins pour les petits nombres jusqu'à dix... « De sorte [qu'un] nombre ne se réfère pas à un objet particulier, mais à la taille du groupe d'objets que l'on a mis de côté.  A un moment donné, on peut aussi introduire l'idée de nombres ordinaux : c'est à dire, les nombres qui indiquent la place d'un élément dans un tableau et non la taille d'un groupe d'éléments. »
Pour parvenir à faire comprendre les additions et les soustractions, la « complexification » enseignée le plus souvent n'est pas vraiment nécessaire :
« 2 + 3 = 5, 3 + 2 = 5, 5 – 2 = 3 et 5 – 3 = 2 ne sont pas quatre réalités différentes, mais quatre façons différentes de regarder une seule réalité. De plus cette réalité n'est pas une réalité de l’arithmétique qu'il faut absorber par foi et mémoriser comme des syllabes dénuées de sens. C'est une réalité de la nature, que les enfants peuvent découvrir par eux-mêmes, et redécouvrir ou vérifier par eux-même aussi souvent qu'ils en ont besoin ou qu'ils le désirent.
La réalité en question est la suivante :
***** ˂---˃*** **
(…) C'est vrai partout dans l'univers. (…) L'arithmétique est apparue (et apparaît) quand les homes ont commencé (et commencent...) à prendre conscience de cette réalité numérique de la nature et à y réfléchir. »
« Qu'est-ce que ça nous apporte ? Cela nous apporte la chose suivante : au lieu d'avoir à mémoriser des douzaines de choses » pour cette réalité, « quatre suffisent (…) En bref, toutes les tables d'addition ou de soustraction que l'on donne aux enfants à mémoriser, peuvent être redécouvertes et écrites par les enfants eux-mêmes. L'avantage de cette dernière méthode c'est que notre esprit est bien plus puissant à découvrir qu'à mémoriser, ne serait-ce que parce que découvrir est en soi beaucoup plus amusant. Un autre avantage, c'est que toute cette arithmétique (et par extension toutes les mathématiques) qui semblait pleine de mystères, de coïncidences et de contradictions, apparaît tout à fait sensée. »

John Holt explique comment faire une calculatrice artisanale toute simple avec du papier (et un crayon) , très pratique et efficace ! « Les enfants qui utilisent cette calculatrice artisanale vont rapidement découvrir des choses qu'un apprentissage par cœur ne leur aurait jamais révélé. »
Nous la testons ici, et ça semble presque magique... quand l'enfant est prêt.

« Même avec de très nombreuses explications, personne ne pourra interpréter un système de symboles non familier pour en déduire une réalité qu'il représente. Il faut d'abord faire l'opération dans l'autre sens. »

John Holt explique comment on peut comprendre ainsi les multiplications, les factorisations, divisions, fractions... à partir d'une donnée réelle toute simple, permettant aussi de comprendre et trouver les nombres « premiers ». Tellement simple expliqué ainsi !

De même tellement simples à connaître ses tables une fois qu'on a vu comment elles fonctionnent et de les utiliser. Se familiariser avec les tables est bien pratique au quotidien, et John Holt en fait un jeu, une sorte de challenge avec soi-même. Il montre comment faire remplir ses grilles à un enfant, en lui laissant le temps nécessaire, et sans y apporter de correction : l'enfant se familiarise au fur et à mesure avec les tables et leur structure, et remarquera bien que l'un des nombres introduit des contradictions et donc semble faux, « comme s'il n'était pas à sa place, exactement de la même manière qu'un enfant qui apprend à lire par lui-même remarque ce genre de contradictions quand il se trompe de mot.  Ce qui est bien plus important que de savoir les tables de multiplications en tant que telles, c'est que l'enfant acquière le sentiment que les nombres se comportent d'une manière sensée et ordonnée. (…) Quel que soit son rythme, arrivera un jour où l'enfant aura rempli tous les produits de la grille. Si la grille est (…) placée dans un endroit bien visible, remplir la dernière case va être un moment assez excitant. »
John Holt explique que même si l'enfant choisit de se servir d'une calculatrice (et sait s'en servir) pour remplir sa grille, il faut le laisser faire, « car même ainsi il pourra remarquer certaines structures ». « Le jeu peut aussi devenir : « Combien de cases est-ce que je peux remplir sans utiliser la calculatrice ? » Surtout ne pas lui demander de combien de cases il se souvient, car ils n'en sont pas là : ils n'ont pas encore conscience de s'en souvenir... mais après avoir rempli plusieurs grilles vierges (de plus en plus facilement et rapidement, mais de lui-même, pas comme pression), battant ses propres records, commençant par ceux qu'il trouve les plus faciles, et petit à petit intégrant les autres sans même faire l'effort démotivant d'apprendre ses tables par cœur.

« Le problème avec la plupart des exercices d'arithmétique c'est que soit les enfants les trouvent ennuyeux, soit ils leur font peur. Résultat, s'ils ont appris quelque chose, l'expérience a été si déplaisante qu'ils vont bien vite l'oublier. » Transformer en jeu facile l'assimilation des tables donne envie d'en savoir plus, cette excitation qui prend au ventre quand on comprend et/ou apprend quelque chose qui nous semblait mystérieux auparavant.

John Holt raconte des anecdotes de séances avec ses élèves très vives et enthousiasmantes. Multiplier des grands nombres, aborder et comprendre les fractions, comprendre que « l'infini » n'est pas un nombre et même pas un nom, mais plutôt un adjectif qui signifie sans limite, ou sans fin ; faire des jeux mathématiques, aborder l'économie domestique (que tout enfant devenu adulte indépendant sera un jour obligé de pratiquer, mais pourquoi attendre pour aborder du sérieux, après tout, les choses peuvent être sérieuses et amusantes?) , résoudre des problèmes , pas ceux sans intérêt qu'on propose souvent aux élèves, mais trouver la solution d'un problème que l'on a vraiment envie de résoudre est très motivant (…) Trouver comment fonctionnent les chose, résoudre des problèmes, c'est la chose la plus amusante que les êtres humains sachent faire »


Apprendre la musique

Apprendre à l'aimer avant tout, et pour l'aimer il faut l'écouter, écouter toute sorte de musique, tout ce qui peut toucher le cœur et les oreilles, épanouir les sens en quelque sorte. Mais il ne faut pas suggérer à un enfant d'apprendre la musique si son envie n'existe pas : jouer parce qu'on en a envie, et alors viendra l'envie d'apprendre à jouer autre chose... La tyrannie des répétitions devient un véritable plaisir du moment que celui qui joue ne le fait pas pour les autres mais pour soi avant tout... le plaisir de jouer pour les autres ne peut venir qu'après... john Holt évoque la méthode Suzuki, introduisant la musique au quotidien dès la grossesse et les premières années de l'enfant, et incitant les enfants à reproduire (d'abord assez maladroitement, évidemment) ce qu'ils entendent autour d'eux, de même que l'enfant est baigné dès ses premiers instants d'audition dans sa langue maternelle... Les airs sont devenus familiers et c'est d'abord cette familiarité qui rend facile et agréable l'apprentissage de la musique ou de la langue. Les récitals mélangent tous les niveaux, tous les âges, il n'y a pas de star, ni de sentiment de compétition : « juste un groupe d'enfants qui se réunissent pour jouer de la musique pour leur plaisir, le plaisir de leurs parents et de tous ceux qui sont là pour les écouter. »
Bien sûr tout n'est pas parfait : on n'autorise pas les enfants musiciens confirmés à apprendre à accorder leur instrument, alors que c'est important, par exemple. « Ce sont surtout des ressources très utiles pour les enfants qui apprennent la musique ainsi que pour leurs parents (qui peut-être apprennent eux aussi.). L'astuce c'est de les utiliser mais de ne pas s'y restreindre. Il faut étendre l'univers de vos enfants : encouragez-les à improviser, à écrire des petits morceaux. Encouragez-les à composer pour les autres et à commencer aussitôt que possible à jouer de la musique » de tout registre. « En bref, pensez à ramener l'apprentissage de la musique vers l'exploration, la découverte, l'aventure et par dessus tout, vers la joie et l'excitation qui en sont la véritable substance. » Les émotions que l'on ressent quand on travaille et joue d'un instrument (que l'on a choisi) « vont de l'effort pénible à une intense concentration, d'une grande frustration et exaspération à quelque chose qu'on ne peut appeler autrement qu'exaltation. Ces sentiments sont si profonds que parfois, on peut à peine jouer. On ne peut pas utiliser le mot « amusant » pour décrire cet éventail de ressentis. (…) L'effort, la concentration, la frustration, la persévérance, la résolution, les moments de surprise, de joie, et oui aussi d'exaltation, sont un tout autre monde. »


Lire et écrire

John Holt affirme que la confiance doit venir avant tout : « le maximum possible de confort, de réconfort et de sécurité ».
Dans une école près de Copenhague, il n'y a « pas de classes, pas de groupe, pas d'enseignement [de la lecture] (…) Les enfants (comme les adultes) lisent s'ils le veulent, quand ils le veulent, ce qu'ils veulent, avec qui et autant qu'ils le veulent. Cependant tous les enfants savent -ce n'est pas explicite, quand vous êtes dans cette école, vous savez- , que quand ils le veulent, ils peuvent aller voir (…) un grand gaillard d'enseignant à la voix grave qui parle lentement (…) et qu'ils peuvent lui demander : « Tu veux bien lire avec moi ? » il répondra « Oui ». L'enfant choisit quelque chose à lire, va avec Rasmus dans un petit coin, pas une pièce fermée mais un lieu douillet et privé, il s'assoit près de lui et commence à lire à voix haute. Rasmus ne fait presque rien. De temps en temps il dit doucement « Ja, ja », qui signifie : « C'est bien, continue... » Sauf s'il s'aperçoit que l'enfant panique, il n'indique et ne corrige jamais d'erreur. Si l'enfant l'interroge sur un mot, il répond simplement ce que ça veut dire. Au bout d'un moment, environ vingt minutes, l'enfant s'arrête, ferme le livre, se lève et part faire autre chose.
On peut difficilement qualifier cette d'enseignement. Pourtant Rasmus avait été formé pour enseigner la lecture. Il m'a raconté qu'il lui avait fallu bien des années pour arrêter de faire, d'un seul coup, toutes ces choses qu'on lui avait apprises à faire, car finalement il avait réalisé que ce minuscule soutien moral c'était tout ce dont les enfants avaient besoin, et qu'en faire plus n'était en fait d'aucune aide. »
« J'ai demandé à Rasmus combien de temps les enfants semblaient avoir besoin de ce « soutien » avant de se sentir prêts à explorer la lecture tout seuls. Il m'a répondu que, d'après ses souvenirs de ces sessions de lecture, la durée la plus longue qu'un enfant ait passé à lire avec lui était d'environ trente heures réparties en séances de vingt minutes à une demi-heure sur quelques mois. Et il a ajouté que de nombreux enfants passent beaucoup moins de temps que ça avec lui et que beaucoup d'autres ne lisent jamais avec lui.(...) Quelle que soit la manière et le moment où les enfants [de cette école] avaient appris à lire, ils étaient tous devenus de bons lecteurs. (...)
Trente heures. Une semaine d'école. Voilà l'ampleur de la tâche. »


Découvrir les lettres et découvrir les mots dans le contexte

Les « chemins qu'ils prennent pour explorer le monde autour d'eux, en particulier celui des lettres et des nombres, sont variés, ingénieux et inattendus. »
Nous voyons tous partout de l'écrit autour de nous, chez nous, dans la rue, lorsqu'on fait ses courses, et bien sûr sur et dans les livres... quels qu'ils soient, les mots griffonnés sur un bout de papier pour nos proches, pour une liste de choses à faire, pour un courrier , même un mail ou l'internet nous exposent ainsi que les enfants, s'ils sont avec un adulte – de préférence- à l'écrit...
Vient un jour où, que cela soit à un proche, parent ou non, ou bien à un enseignant, l'enfant demande ce que veut dire tel mot (il a compris depuis quelques temps déjà qu'un mot est une forme particulière entourée d'espace et qui signifie la même chose que ce qu'on peut dire, même s'il ne saura pas forcément l'expliquer). L'enfant commence ainsi par demander ce que font telle et telle lettre si on les met ensemble... ou voudra écrire une lettre à quelqu'un qu'il aime. Là, il a envie de se sentir « alors plus fort, plus compétent, plus utile et plus proche du monde des adultes » : il n'apprend pas pour plaire à l'adulte, même si ça peut plaire à l'enfant de montrer ce qu'il a compris, ce qu'il sait. Pour lui c'est sérieux et important. Comme un journal sérieux qui contient de l'information réelle, ou une carte routière ou un calendrier, les pages jaunes... tout ces trucs d'adulte « où tout le monde fait des choses mystérieuses et intéressantes ».

John Holt regrette que l'école ne permette pas aux enfants de faire leur propre progression de tâches de plus en plus difficiles, car les défis extérieurs sont souvent vus « comme des menaces (ce qu'ils sont souvent, car si vous échouez à les accomplir, vous prenez un gros risque d'être ridiculisé) [et] perdent peu à peu l'habitude de se stimuler eux-mêmes, même en dehors de l'école.

« Les enfants qui lisent pour leur plaisir s'arrêtent rarement pour poser des questions sur des mots. Ils ont envie d'avancer dans l'histoire. Si le mot est important, ils devinent son sens. (…) En ce qui concerne les mots compliqués, ils les comprennent en les rencontrant dans différents contextes.
Les gens deviennent bons lecteurs et acquièrent un riche vocabulaire grâce aux vrais livres et non pas grâce aux livres de classe ou aux dictionnaires. (…) un dictionnaire c'est une collection d'opinions de personnes différentes sur ce que les mots signifient et sur la façon dont les gens les utilisent. »

Les auditifs

John Holt nous évoque une enseignante qui « écrivait les paroles d'une chanson au tableau -parfois une chanson que les enfants connaissaient, parfois une nouvelle chanson qu'elle leur apprenait – et au fur et à mesure qu'elle pointait les mots, les enfants les chantaient et, ce faisant, ils apprenaient à lire. » Comme les parents qui à la demande de leur enfant lisent et relisent « son histoire préférée. Puis un jour, ils se rendent compte que l'enfant lit avec eux, voire même peut lire sans eux. Il a appris simplement en voyant les mots et en les entendant en même temps. » Sans tout maîtriser de cette façon, ils ont malgré tout « appris plein de choses sur les correspondances syllabiques. »

L'importance de savoir lire plutôt que d'apprendre à lire

« Si nous lisons et si nous écrivons, les enfants auront envie de le faire aussi ; et si nous ne le faisons pas, ils n'en auront pas envie. »

« Quand les livres ont du sens pour eux, les jeunes veulent lire, ils en ont besoin et ils aiment ça ; et quand ce style de livres est mis à leur disposition, tôt ou tard, sans qu'on leur « apprenne », avec juste un coup de pouce, ils arrivent bien à les lire. (…)
Les livres avec lesquels la plupart des enfants sont obligés d'apprendre à lire sont, au delà de toute compréhension, ennuyeux, stupides, superficiels, trompeurs, malhonnêtes et simplistes. » Un vocabulaire restreint et faible, à vouloir faciliter la tâche de l'enfant, ne lui rend pas honneur... Un livre doit avant tout être intéressant pour son lecteur, sinon à quoi bon ? Certains livres de lecteurs débutants sont assez intéressants, mais au vocabulaire et nombre de mots là encore navrant... Demandez donc à des enseignants ou à des parents d'élèves de CP et CE1...

Arrêtons de demander aux enfants de lire à voix haute en classe pour vérifier s'ils savent lire ou pour soi-disant les aider... « Et plus important, si les enfants étaient autorisés à lire tout seuls pour leur propre plaisir, ils remarqueraient et corrigeraient d'eux-même la plupart de leurs erreurs. »

apprendre à écrire

« Pour aider quelqu'un à apprendre à écrire, on doit lui montrer très clairement que l'écriture est un prolongement du discours, que derrière tous les mots écrits il y a une voix humaine qui parle et que lire est ce qui permet d'entendre ce que disent ces voix. »
« Ce qui est capital ici, c'est de faire la connexion entre l'ordre chronologique des sons dans un mot parlé et l'ordre dans l'espace des lettres du même mot écrit. Si tant d'enfants ont du mal à comprendre cette connexion, c'est que dans la plupart des consignes de lecture, on n'en parle pas. » Opposer les lettres minuscules et majuscules est aussi une absurdité, qui induit les enfants en erreur : il s'agit de sa forme et non de sa taille...Cela donne aussi à certains enfants l'impression que ce n'est pas la même lettre. Il y a plusieurs façons de tracer les lettres, et plusieurs manières d'écrire, et avec plusieurs objets différents également.

« Nous pouvons aussi faire toucher du doigt aux enfants que, tout ce qu'ils voient écrit autour d'eux, ce sont des messages délivrés par des gens. »
« Nous devons faire comprendre aux enfants qu'écrire, c'est une extension de capacités qu'ils possèdent et utilisent déjà pour leur propre compte : les capacités du langage. (…) Écrire, c'est un truc magique, comme des paroles congelées qu'utilise celui qui écrit, jour après jour, pour dire tout ce qu'il veut à celui qui le lira. C'est une extension de la voix, et comme les enfants ont le sentiment de leur petitesse et qu'ils aimeraient être plus grands et plus puissants, l'idée qu'écrire peut rendre plus large leur audience peut vraiment les motiver. »

L'orthographe

« La meilleure façon de bien apprendre l'orthographe est de beaucoup lire et écrire. Cela va remplir vos yeux avec l'apparence des mots, et vos doigts avec la sensation des mots. »
John Holt trouve ainsi inutile tous les exercices et règles d'orthographe pour tenter d'apprendre à bien orthographier, mais pour les « irréductibles » des exercices, il propose « un auto-test d'orthographe qui permet aux élèves de faire le tri entre les mots qu'ils connaissent et ceux qu'ils ne connaissent pas, et de travailler sur ces derniers » (page 166). « L'important dans tout ça, c'est que ce soit l'enfant qui contrôle le processus de test et de vérification. » John Holt demande expressément de ne pas faire cet auto-test avec des enfants qui commencent tout juste à lire et à écrire. Il ne recommande cette méthode qu'avec « des enfants plus âgés qui ont déjà une mauvaise orthographe » et « seulement de mots mal orthographiés dans leurs propres écrits. » Méthode qui « fonctionne aussi avec des adultes. »

John Holt nous démontre que l'on ne devrait pas imposer aux enfants d'utiliser uniquement l'écriture cursive mais leur laisser le choix entre le scripte et le cursif, car « l'essentiel, c'est qu'écrire signifie bien pour eux être lu par les autres. »

Citoyen du monde des livres

« Ce livre est le mien ! »
« Au lieu de démarrer par la porte étroite, le son d'une lettre, (…) commenc[er] par une idée importante : les livres nous appartiennent. Alors [le lecteur débutant structure] cette grande idée en plus petites, néanmoins toujours essentielles : des histoires habitent dans les livres ; il y a des mots dedans ; les histoires sont en quelque sorte contenues dans les mots ; la clé pour voir surgir et prendre possession des histoires consiste à saisir les mots ; et, ainsi, les histoires peuvent être partagées avec d'autres gens. » N'est-ce pas là le plus important ?


Conclusion et élargissements

Je conclue cet article destiné aux Vendredis Intellos en faisant quelques constatations et aussi quelques propositions qui méritent d'être commentées, annotées, débattues et augmentées de vos avis et idées concrètes.

Il n'y a à mon sens pas de lieu idéal pour apprendre.
A vrai dire, le lieu importe peu, du moment qu'il permet à celui qui apprend d'être en confiance et de ne pas brutaliser son corps donc d'être confortable pendant que son cerveau demande toute son énergie et sa concentration ; cela veut dire aussi un sommeil suffisant, des rythmes physiologiques d'apprentissage compris et respectés, mais avant tout laisser à l'apprenant ,enfant ou adolescent, le temps de gérer ses propres apprentissages afin qu'ils soient durables (sinon, on demande un « bachotage » quasi-permanent, et comme chacun le sait, le « bachotage » n'a aucun intérêt pour la compréhension et la mémorisation à long terme). Le lieu importe peu, du moment qu'il est ouvert sur le monde et donne envie d'en savoir plus sur celui-ci : les collèges par exemple, sont des architectures conçues pour enfermer l'élève loin de l'agitation du monde, des murs hauts et très peu de fenêtres... tout le contraire de ce qui permettrait à nos ados de s'ouvrir sur ce monde auquel ils vont bientôt participer comme tout un chacun, à leur façon. Le lieu importe peu mais devrait permettre à l'apprenant de rester connecté avec les autres générations pour ne pas s'en détourner et se fixer uniquement sur sa propre personne sans daigner ouvrir ses yeux et son cœur aux autres... On se plaint d'avoir une société égoïste (enfin, c'est bizarre car les égoïstes sont toujours les autres, n'est-il pas?), mais on enferme chaque catégorie d'âge et bien plus dans des cases et des bâtiments qui les repoussent loin les uns des autres, et loin de la compréhension mutuelle, loin des savoirs que chacun accumule dans sa vie et qui rend nos vies si riches et dignes d'être partagées...

Il n'y a à mon sens pas de personne idéale pour accompagner celui qui apprend, dans le sens où une seule personne ne peut suffire ! Qu'on parle de l'enseignant ou du parent qui pratique l'instruction en famille, cela ne peut être le seul référent de l'apprenant ! Ne criez ni ne fuyez pas ! Essayez plutôt de voir plus loin :
Apprendre est bien chercher à accumuler des savoirs complexes (pas toujours compliqués, mais complexes bien souvent) ou des compréhensions multiples et enrichies au fur et à mesure de nos besoins, et ce quel que soit notre âge, n'est-ce pas ! Êtes-vous d'accord, qu'apprendre, c'est s'enrichir de plus en plus grâce à l'action conjuguée de notre expérience et de la connaissance des autres ? Alors pourquoi vouloir tout résumer en une personne ? Pourquoi ne pas permettre par exemple, très régulièrement ou quotidiennement, que des personnes de tous métiers, de toute classe sociale viennent raconter et montrer leur métier ou mieux encore que les élèves intéressés puissent être accueillis facilement au sein des entreprises, des usines, parmi les artisans et les professions libérales etc... où chacun pourrait se frotter un peu au monde réel et y apprendre autant sinon plus que dans un lieu fermé à la réalité sous prétexte de protection... J'ai des enfants, et les protéger n'est pas les enfermer, c'est leur faire découvrir le monde avec un accompagnement respectueux d'eux et des autres à la fois ! Spécialiser l'éducation dès onze ans me semble une aberration pour la plupart des enfants qui ne savent pas du tout quels métiers vers lesquels ils ont envie de se tourner, étant donné qu'ils n'y sont jamais confrontés (ne parlons pas du stage unique de 3e qui est de la poudre aux yeux!). Les classes pourraient se partager en deux groupes pour les moins de 16 ans avec par exemple d'une part deux enseignants généralistes qui feraient vivre les apprentissages en développant des échanges et en cumulant les expériences et les connaissances (car qui peut dire que chaque enseignant a retenu exactement les mêmes choses!?) , et d'autre part, des classes ouvertes avec deux enseignants aussi mais spécialistes (une classe de 2 spécialistes pour chaque « matière » à développer) où les élèves seraient libres d'aller -et de sortir (sans gêner les autres) selon leur désir d'apprentissage … un peu à la manière de l'Ecole de Summerhill en Angleterre. Je ne fais qu'extrapoler, bien sûr, je ne prétends pas avoir les solutions parfaites, mais les idées essentielles me semblent exposées dans cet article, en toute humilité, et ne demandent qu'à entendre d'autres points de vues, d'autres esquisses de solutions...mais de solutions concrètes.

Car enfin, n'ayons pas peur de dire que l'éducation a vu son industrialisation croître et le bien-être et les connaissances des élèves régresser dans un même temps (comme pour l'industrialisation de la Naissance, voir Michel Odent : le Fermier et l'Accoucheur). Est-ce que je dis une absurdité ? Pas si sûr : je défends l'école laïque et pour tous avec conviction, mais ce n'est pas en transformant l'école en usine des apprentissages que cela va contribuer à former des citoyens bien dans leur peau et leur tête, fiers de leurs connaissances, honnêtes et confiants dans leurs capacités à s'adapter au monde qui les entoure ! L'industrialisation de la connaissance qui se justifie, c'est la connaissance à la portée de tous, pas la connaissance unique imposée et réduite à un programme pour tous : la nuance est de taille ! Nous avons commis là une grosse erreur : l’Éducation a besoin de sur-mesure (comme la Naissance), et si nombre d'enseignants - que je respecte pour tous ceux qui sont passionnés par leur métier qu'ils voient comme un partage et un échange au profit de l'enfant ou de l'adolescent et non comme une partie d'entre eux qui voient leur métier comme un enseignement de maître à disciple, comme adulte ayant tout pouvoir et autorité à mineur (quel mot bien choisi, en l'occurrence !) n'ayant que le droit d'écouter en silence ou sans trop poser de questions trop digressives... - si nombre d'enseignants passionnés et respectueux pouvaient pratiquer leur métier de cœur sans qu'on leur reproche ce qui font d'eux de véritables enseignants, de véritables accompagnants au savoir et au savoir-faire , si des « scribouillards » ne se lançaient pas à chaque nouveau gouvernement de quelque pays que ce soit dans une refonte prétendue, déstructurante et sans intérêt pour les apprentissages des enfants et des adolescents, si une réelle prise en compte des besoins des apprenants, des élèves qui sont avant tout des enfants et des adolescents en pleine croissance, en pleine mutation, en pleine maturation vers l'adulte qu'ils deviendront, était réellement faite (et non de simples constatations évidentes pour tous : ah oui, les jeunes ont besoin de dormir pour mieux grandir et apprendre, ils ont besoin de manger équilibré et de ne pas faire ci ou de faire ça...?)... Il s'agit de nos enfants ; bon sang ! Ou des enfants de nos amis, de nos proches, de nos futurs enfants ou de nos petits-enfants... Cessons de contempler les dégâts et de se contenter de constater que ça va mal ! Soyons de vrais citoyens : nous avons la chance de vivre dans une démocratie, or la démocratie comme la liberté, ne s'use que quand on ne s'en sert pas !

L’humanité est faite d'individus uniques qui apprennent toute leur vie à vivre en groupe et à se découvrir eux-même. Apprendre est l'affaire de toute une vie, et ne pas déconnecter l'apprenant du quotidien comme de lui-même est crucial pour permettre de garder ou créer la confiance en soi et ne pas briser les liens intergénérationnels qui font qu'une société le reste. Apprendre, c'est vivre ; vivre, c'est apprendre.

Voilà, pardonnez-moi (si vous le voulez) si je me suis un peu lâchée dans la conclusion, mais il y a tant à dire et surtout à faire pour améliorer les conditions d'apprentissage des enfants et des adolescents ! Je sais pertinemment que dans nombre de pays, les enfants n'ont même pas la possibilité d'apprendre et sont contraints d'aller travailler pour subvenir aux besoins de leurs famille et aux leurs, mais cela ne doit pas empêcher de vouloir toujours mieux pour nos enfants, où qu'ils soient dans le monde ! Si nous cessons de vouloir mieux comme monde, comme société pour eux, alors ce n'est pas la peine d'être parents, non ?

C'était la deuxième partie de mon article pour les Vendredis Intellos sur les Apprentissages autonomes de John Holt.

La première partie est là : Comment apprend-on ? 

 

16 mars 2012

Comment apprend-on ? Comment pouvons-nous aider les enfants à apprendre?


Zoom sur le livre de la semaine : 
Les apprentissages autonomes , John Holt (Éditions l'Instant Présent)
« Comment les enfants s'instruisent sans enseignement »

L'auteur, John Holt, a exercé plusieurs métiers avant de devenir instituteur pendant 15 ans. Ayant ensuite rejoint les universités de Harvard et de Berkeley en sciences de l'éducation, il a consacré ses travaux et ses conférences à la réforme de l'enseignement...



Ce que peuvent faire (ou ne pas faire) les parents (et les enseignants ou tout adulte en rapport avec des enfants)

Le cerveau humain n'est pas quelque chose que l'on peut remplir comme un récipient. Il est bien plus intéressant et fonctionne en créant de nombreuses liaisons au fur et à mesure des découvertes et apprentissages. Je devrais plutôt dire qu'apprendre, c'est découvrir !
Tels des chercheurs, les enfants tâtonnent et reformulent leurs gestes ou leurs questions et affinent leur compréhension du monde. Trop prétentieux ? Non, c'est la pure vérité, même s'ils ne le font pas consciemment : les enfants, comme tout humain, ont une formidable capacité et nécessité irrépressible d'apprendre et de comprendre ! Si certains de nous l'ont oublié, eux qui sont en pleine construction le vivent au quotidien : apprendre c'est vivre, ou plutôt vivre, c'est apprendre !

« Ce que les adultes peuvent faire pour les enfants, c'est leur rendre ce monde et ses habitants plus accessibles et plus évidents. (…) Nous pouvons aussi mettre à leur disposition des outils, des livres, des enregistrements, des jouets et toutes autres ressources. Dans l'ensemble, les enfants sont plus intéressés par ce que les adultes utilisent réellement que par les petites choses que nous achetons exprès pour eux. »

« Nous pouvons aussi aider les enfants en répondant à leurs questions. Toutefois, nous, les adultes, devons faire attention sur ce point car nous avons tendance , quand un enfant nous pose une question, à en faire trop. »
« Non seulement la leçon non sollicitée ne conduit pas à un apprentissage, mais -et ça a été difficile pour moi à comprendre- pour l'essentiel un tel enseignement empêche l'apprentissage. Et ça c'est une vraie catastrophe. 90% du temps, d'un enseignement qui n'a pas été sollicité ne résultera pas un apprentissage, mais en découlera au contraire un obstacle à l'apprentissage. »
Parfois, et même bien trop souvent, adultes bien intentionnés, nous essayons de les aider, et nous en sommes bien mal récompensés (d'ailleurs n'y a-t-il pas là une double intention de rendre service non pas seulement à l'enfant ou l'apprenant, mais d'être fiers de nous-même en de montrer cette image d'adulte référent, consciemment ou non?) : pourquoi ?
« A chaque fois que, sans y avoir été invité, sans qu'on nous l'ait vraiment demandé, nous essayons d'apprendre quelque chose à quelqu'un d'autre, à chaque fois, nous communiquons à cette personne un double message. La première partie de ce message c'est : « Je vous enseigne quelque chose d'important, mais vous n'êtes pas assez intelligent pour voir à quel point c'est important. Si je ne vous l'avais pas appris, vous ne vous seriez probablement jamais donné la peine de vous renseigner. » Le second message que communique un enseignement non sollicité à celui qui le reçoit, c'est : « Ce que je vous enseigne est si difficile que, si je ne vous l'enseigne pas, vous ne serez pas capable de l'apprendre. »
Ce double message de manque de confiance et de mépris est clairement compris par les enfants, parce qu'ils excellent à recevoir les messages émotionnels.(...) Tous les enseignements non sollicités contiennent ce message de manque de confiance et de mépris. (…) Le problème c'est que les êtres humains aiment enseigner. Nous sommes des animaux enseignants, autant que des animaux apprenants. Nous devons refréner cette impulsion, cette habitude, ce besoin d'expliquer les choses à tout le monde... à moins qu'on nous l'ait demandé. »

Le pouvoir de l'exemple et la voix des adultes

« Souvent, quand de jeunes enfants commencent à s'ennuyer ou à être distraits à la maison ou à l'école maternelle, les adultes estiment qu'ils ont « besoin de plus de cadre ». Je me méfie de ce terme, car ceux qui l'utilisent l'entendent d'une seule manière : un adulte se tenant au-dessus de l'enfant, lui disant ce qu'il doit faire et s'assurant qu'il le fait effectivement.

Beaucoup de jeunes enfants ont en effet besoin d'être initiés à des tâches et des activités qui demandent du temps, de la concentration, de l'effort et de la dextérité. Cependant, cela ne consiste pas à « donner » des tâches de plus en plus difficiles et à obliger l'enfant à s'obstiner jusqu'à ce qu'il ait terminé. Dans de telles situations, le facteur déterminant c'est la volonté de l'adulte et non, comme ça devrait l'être, les exigences de la tâche. Au contraire, ce dont les jeunes enfants ont besoin d'avoir l'occasion de voir des enfants plus âgés et des adultes choisir et entreprendre des tâches variées puis travailler dessus pendant un certain temps jusqu'à ce qu'ils aient terminé. Les enfants ont besoin de comprendre les processus qui mènent à un bon travail. La seule manière qu'ils ont d'apprendre combien de temps et d'effort il est nécessaire pour fabriquer, mettons, une table, c'est d'être en mesure de voir quelqu'un fabriquer une table, du début jusqu'à la fin. Ou peindre un tableau. Ou réparer un vélo, ou écrire une histoire, ou toute autre chose. »
Voir et observer la somme de travail que nécessite une activité des premières étapes au produit fini ou à l'étape finale : cela montre une continuité dans les savoir-faire de chacun ou d'une même personne, et les efforts récompensés par la progression et le plaisir du travail bien fait. Permettre aux enfants de voir qu'une grande personne « ne les estime pas trop petits ou stupides pour les associer » à un travail important pour des adultes.
D'une même manière, « lorsque des personnes réelles parlent, les enfants veulent entendre leurs voix, voir leurs visages et ils en retirent beaucoup », même si les adultes trouvent que ce sont des conversation de « grandes personnes ».

L'enseignement est une science naturelle

« Aider les enfants à apprendre et à explorer le monde peut s'assimiler à une branche des sciences naturelles (…) Au milieu du dix-neuvième siècle, le zoologiste Louis Agassiz a commencé un cours à l'université en plaçant un poisson sur un plateau et il a demandé aux étudiants de le décrire. A chaque fois qu'ils pensaient avoir dit tout ce qu'il y avait à dire et qu'ils lui apportaient leur copie, il disait juste : « Et ensuite ? » Il leur demanda de regarder et de décrire ce poisson jusqu'à ce qu'ils aient vu cent fois plus que ce qu'ils pensaient pouvoir y voir. C'est cette capacité à observer et ensuite à décrire précisément ce qui a été vu qui est la marque des grands naturalistes et qui est indispensable à un bon enseignant. »

« Les enfants ont chacun leur propre style -unique- d'apprentissage. Ils ont aussi leurs propres rythmes en fonction desquels ils sont prêts à faire les choses, à la vitesse qui leur convient, en décidant du temps qu'ils mettront à passer à autre chose. Quand nous essayons de les diriger, d'interférer ou de changer leurs styles d'apprentissage et leurs rythmes, nous les ralentissons ou nous les stoppons presque toujours. C'est plus facile à constater chez les jeunes enfants car les choses qu'ils apprennent sont bien visibles : des compétences simples, le nom des lettres, de nouveaux mots. Si Billy nous a demandé le nom des lettres qu'il voit et qu'il s'arrête tout à coup parce que nous commençons à l'interroger, nous constatons qu'il s'est arrêté. Chez les jeunes enfants, les changements de comportement sont nets et évidents. De plus, ils n'essaient pas de dissimuler leurs actes, leurs pensées et leurs sentiments (tout ceci étant en fait un tout, vécu comme un tout par les enfants et toute personne saine), car ils n'ont pas appris à le faire. Les enfants plus âgés peuvent apprendre à se cacher de nous, à nous rouler. Par peur, même des élèves de CP deviennent des adeptes de la dissimulation et élaborent des stratégies d'évitement. Quand j'ai écrit Parents et Éducateurs devant l'échec scolaire *, c'est seulement après des mois d'observation de mes CM2 et de prises de notes consciencieuses que j'ai été en mesure de percevoir les schémas comportementaux engendrés par l'échec et grâce auxquels ils arrivaient à le dissimuler. »
Les enfants « agissent en permanence comme des scientifiques en regardant, remarquant, s'interrogeant, théorisant, testant leurs théories et en les modifiant aussi souvent que nécessaire», et c'est en agissant de même qu'on peut les accompagner dans leurs apprentissages.

Corriger les erreurs

Quand les enfants apprennent à parler, nous passons souvent notre temps à essayer de le corriger, parfois trop : si c'était un étranger qui apprenait la langue et nous rendait visite, nous trouverions impoli de corriger sans cesse toutes ses fautes, et pourtant c'est ce que nous faisons avec nos propres enfants... A sa place, « vous finiriez par ne plus dire grand-chose, voire plus rien du tout »... par peur de ne rien dire de correct. D'où l'importance de l'approbation (sans en faire trop non plus, mais savoir reconnaître les progrès et pas seulement les erreurs).
Nous donnons déjà toute l'aide dont notre enfant a besoin « en utilisant la langue nous-même » : l'exemple, encore l'exemple !
« Il est toujours mieux pour un enfant de réussir à comprendre quelque chose par lui-même plutôt que de recevoir une explication – sauf, bien-sûr, si l'apprentissage se fait au péril de sa vie comme dans le cas où il traverserait la rue en courant. (…) D'abord on se souvient mieux de ce qu'on arrive à comprendre tout seul. Ensuite, beaucoup plus important, à chaque fois qu'on comprend quelque chose tout seul, on prend confiance dans sa capacité à comprendre les choses tout seul. »
« Nous nous leurrons si nous pensons qu'en disant les choses gentiment nous empêcherons les corrections d'être prises comme des reproches. C'est uniquement dans des circonstances exceptionnelles et avec le plus grand tact que vous pouvez corriger un adulte sans le vexer, dans une certaine mesure. Comment pouvons-nous penser qu'un enfant, dont la personnalité, l'ego et l'estime de soi sont tellement plus fragiles, peut accepter sereinement d'être corrigé ? Je dirais que dans 99 cas sur cent, n'importe quel enfant prendra sa correction comme une sorte de reproche, même si nous nous montrons enthousiastes, détendus ou stimulants. Je suis très affirmatif à ce sujet car je l'ai trop souvent vu de mes propres yeux. »

« Il est à la fois vrai et trompeur de dire que les enfants veulent apprendre. Oui, ils veulent apprendre, mais de la même manière qu'ils veulent respirer. Apprendre, pas plus que respirer, n'est un acte volontaire pour les jeunes enfants. Ils ne pensent pas : « Maintenant, je vais apprendre ceci ou cela. » C'est dans leur nature de chercher autour d'eux, d'embrasser le monde avec leurs sens et de lui donner du sens, sans savoir pour autant comment ils le font, ni même qu'ils le font.(...) La vérité est que toute personne qui vit réellement, qui s'expose à la vie et qui va à a rencontre avec énergie et enthousiasme, est en même temps en train d'apprendre. Ce sont les inquiétudes au sujet des apprentissages qui éteignent les apprentissages des enfants. Quand ils commencent à voir le monde comme un lieu plein de dangers dont ils doivent se protéger, quand ils commencent à vivre moins librement et pleinement, c'est à ce moment-là que se flétrissent leurs capacités d'apprentissage. »
« Même quand les enfants atteignent l'âge auquel ils commencent, parfois à apprendre consciemment et délibérément quelque chose qu'ils veulent apprendre, il ne s'ensuit pas qu'ils souhaitent toujours recevoir une explication. Un enfant bien portant préférera toujours comprendre les choses par lui-même. Il y a peu, un enseignant brillant a résumé admirablement ce phénomène : « Lorsqu'on souffle une solution à celui qui cherche, ça le met en rage ! »

Accrocs aux félicitations

Trop féliciter les enfants a un effet destructeur sur la plupart des enfants : ils manquent alors de confiance en eux et deviennent dépendants de ces louanges.
« Le problème avec les motivations externes, qu'elles soient négatives (menaces, punitions ou réprimandes) ou positives (bons points, bonbons, notes, doctorat) c'est qu'elles supplantent et écrasent la motivation interne. Les bébés n'apprennent pas pour nous faire plaisir mais parce que c'est leur instinct et leur nature qui les pousse à vouloir découvrir le monde. Si nous les félicitons à chaque chose qu'ils font, ils finiront par apprendre et par faire des choses uniquement pour nous faire plaisir, et l'étape suivante sera qu'ils commenceront à craindre de ne pas nous faire plaisir. Ils se mettront se mettront à craindre de ne pas faire ce qu'il faut, comme s'ils étaient sans cesse menacés de punition, la punition étant l'absence de félicitations.
Ce que les enfants veulent et ce dont ils ont besoin de notre part c'est une attention authentique. Ils veulent que nous les remarquions et que nous prêtions attention à ce qu'ils font, que nous les prenions au sérieux, que nous leur fassions confiance et que nous les respections en tant qu'être humains. Ils veulent courtoisie et politesse, mais ils n'ont pas besoin de louanges. »


La nature de l'apprentissage

L'éducation n'est pas une usine remplissant des récipients, la métaphore la plus courante. On verse tant d'années de maths, tant de langue maternelle, tant de langues étrangères, tant de sciences etc... « On suppose que tout ce qui sera versé en direction du récipient ira dans le récipient, et qu'une fois dedans il y restera.
Personne ne semble se poser une question évidente : comment se fait-il que tant de récipients, tant d'enfants ayant pourtant reçu ces matières pendant tant d'années, continuent à sortir vides de l'usine ? En dépit d'un siècle de résultats qui la contredisent, les éducateurs s'accrochent à l'idée que l'enseignement produit de l'apprentissage et que, donc plus on enseigne, plus les enfants apprennent. Pas un seul des rapports que j'ai lus ne soulève de questions sérieuses au sujet de ce présupposé. Si les élèves n'en savent pas assez, c'est parce que nous ne commençons pas le remplissage assez tôt (commençons dès quatre ans!) ou qu'on ne fait pas le remplissage avec les bons ingrédients, ou pas à la bonne dose (renforçons le programme!). 

Une deuxième métaphore dépeint les élèves comme des rats de laboratoire dans une cage, qu'on entraîne à réussir un tour – la plupart du temps un tour qu'aucun rat dans la vraie vie ne serait amené à accomplir.(...) Les renforcements positifs à l'école sont des sourires des professeurs, les bons points, les 20/20 sur les bulletins de notes, les tableaux d'honneur et, à la fin, l'entrée dans de prestigieuses universités, de bons emplois, un travail intéressant, de l'argent et le succès. Les renforcements négatifs sont les réprimandes colériques, les sarcasmes, le mépris, l'humiliation, la honte, les rires de dérision des autres enfants, les prédictions d'échecs, les menaces d'exclusion et de renvoi de l'école. » Pour certains, cela va même jusqu'aux châtiments corporels ! « En fin de course, c'est l'entrée dans une mauvaise université ou aucune, de mauvais boulots ou aucun, un travail ennuyeux si on en a un, peu ou pas du tout d'argent. 

La troisième métaphore est peut-être la plus destructrice et dangereuse de toutes. Elle décrit l'école comme un hôpital psychiatrique, un centre de traitement. Les écoles, qu'elles soient bien ou mal classées, opèrent toujours selon cette règle merveilleusement pratique que quand l'apprentissage réussit, c'est grâce à l'école (…) ; et quand il échoue, c'est la faute des élèves. Il y a plusieurs manières de formuler « cette » faute. Dans une école élémentaire privée très réputée, un enseignant aguerri l'a expliqué ainsi : « Si les enfants n'apprennent pas ce qu'on leur enseigne, c'est parce qu'ils sont paresseux, mal organisés ou perturbés mentalement » et presque tous ses collègues l'ont approuvé.

Plus récemment, cependant, des éducateurs ont trouvé une autre explication au défaut d'apprentissage : « les troubles de l'apprentissage ». Cette expression est devenue populaire parce qu'elle peut concerner presque tout le monde. (…)
Les « recherches » qui ont défini ces étiquettes sont tendancieuses et guère convaincantes. » D'autres recherches montrent « que lorsque des étudiants soi-disant atteints de graves troubles de l'apprentissage étaient placé dans une situation moins stressante, leurs difficultés disparaissent rapidement. 

Ces trois métaphores présentent « une fausse image de la réalité. Les écoles présupposent que les enfants n'aiment pas apprendre et qu'ils ne sont pas très doués pour cela, qu'ils n'apprendront rien à moins qu'on le leur fasse apprendre, qu'ils ne peuvent rien apprendre à moins qu'on ne leur montre comment faire ; et que la manière de leur faire apprendre des choses est de diviser ces domaines prescrits en minuscules tâches à maîtriser une à la fois, chacune avec sa carotte et son bâton. Et quand cette méthode ne fonctionne pas, les écoles en déduisent que ce sont les enfants qui ont un problème – problème qu'ils doivent tenter de diagnostiquer et de traiter.
Tous ces présupposés sont faux. (…) Si vos présupposés sont faux, vos action seront fausses, et plus vous persévérerez, plus vous serez dans l'erreur.

On peut facilement observer que les enfants sont passionnément désireux de comprendre le plus possible le monde qui les entoure, qu'ils sont très doués pour cela et qu'ils le font à la manière de scientifiques, en créant de la connaissance à partir de l'expérience. Les enfants observent, s'interrogent, découvrent, élaborent et ensuite ils testent les réponses aux questions qu'ils se posent. Quand on ne les empêche pas de faire toutes ces choses, ils continuent à les faire et deviennent de plus en plus compétents. »


Apprendre, c'est donner du sens aux choses

Les enfants « aiment éliminer les contradictions. Ils sont mal à l'aise avec les paradoxes. Ils aiment donner du sens aux choses. Cependant il faut qu'ils puissent le faire à leur rythme.
Tant que le schéma mental d'un enfant le satisfait, tant qu'il reste approprié pour lui, les corrections n'ont pas de sens et ne servent à rien. Elles glissent sur lui. Les corrections qu'il fait lui-même ou du moins qu'il est d'humeur à écouter, sont les corrections dont il a besoin. »

Quand « il y a un petit vide dans notre connaissance et notre compréhension et tout à coup, peut-être dans un livre, peut-être grâce à une expérience, émerge une idée et elle colle exactement. On la sent pratiquement s'engouffrer dans le trou et s'y encastrer parfaitement. On n'oublie pas ce genre de moments. C'est ce type d'expériences que les enfants vivent. Ils ne peuvent pas nous expliquer ce que sont ces choses. Ils n'ont pas les moyens de nous le dire. »

« Au fil des ans , j'ai remarqué que l'enfant qui apprend vite est un aventurier : il est prêt à prendre des risques, il aborde la vie les bras ouverts, il veut tout embrasser. (…) il s'attend à comprendre les choses, tôt ou tard. Il a une espèce de confiance.
Pour un enfant qui réussit moins bien, le monde n'est pas seulement un endroit dénué de sens, il est aussi plein de pièges. L'enfant ne sait pas ce qui va arriver, mais il a l'intuition que ce ne sera pas très bon. Il n'a pas confiance.
L'enfant qui réussit est plein de ressources et il est patient aussi. Il essaiera quelque chose d'une manière et s'il n'y arrive pas, il réessayera d'une autre et, si ça ne marche toujours pas, il essaiera encore autrement. En revanche, l'élève qui ne réussit pas n'a ni les ressources pour envisager ces différentes options, ni la patience de s'accrocher.
(…)
Les adultes doivent avoir conscience du flux et du reflux du courage et de la confiance chez les enfants, à l'image des marées. »
« Un enfant se fait tout petit quand le monde lui fait peur, quand il subit une défaite. Pourtant quand un enfant fait une chose qui le passionne, il grandit comme un arbre, dans toutes les directions. C'est ainsi que les enfants apprennent, que les enfants grandissent. »

« Nous avons tendance à être condescendants ou à prendre un air amusé vis-à-vis des fantaisies et des histoires des enfants.  « C'est une belle histoire, Jimmy, mais tu sais bien que ce n'est pas vrai. » Pourtant l'enfant s'est engagé dans un travail très sérieux. Il n'est pas juste en train de s'amuser ; il essaie de se faire une représentation de l'univers à une échelle véritablement bien plus grande que ce que, nous, adultes, nous n'osons le faire. (…) Les enfants sont des philosophes au travail. Nous devrions leur laisser du temps pour penser. »

Vivre, c'est apprendre

Nous sommes « tous des apprenants toute notre vie. Vivre c'est apprendre. Il est impossible d'être vivant et conscient (et certains diraient même inconscient) sans être constamment en train d'apprendre quelque chose. Etant vivant, nous recevons en continu divers messages de notre environnement. Nous les assimilons sous une forme ou une autre, et nous les utilisons. Nous sommes constamment en train d'expérimenter la réalité, et d'une manière ou d'une autre, nous l'incorporons dans notre représentation mentale de l'univers : c'est-à-dire dans la somme organisée de tout ce que nous pensons savoir au sujet de tout. »
Nous apprenons de toutes nos expériences, même lorsque nous choisissons de ne rien faire ou de ne rien décider.
La curiosité est inhérente à l'espèce humaine, et les enfants ont ce même « désir passionné de comprendre tout ce qu'ils peuvent du monde, même ce qu'ils ne peuvent voir ni toucher. Ils ont le désir d'acquérir autant que possible des aptitudes, des compétences et de s'en servir. » Un besoin aussi physiologique, voire même plus fort que celui de nourriture, de chaleur et de réconfort...
« Les enfants ne sont pas seulement extrêmement doués pour apprendre ; ils sont bien plus doués pour cela que nous. En tant qu'enseignant, j'ai mis beaucoup de temps à le découvrir.(...) Et ce n'est que très lentement et douloureusement -croyez-moi, douloureusement- que j'ai réalisé que c'était quand je me mettais à enseigner le moins que les enfants se mettaient à apprendre le plus.
Je peux résumer en quelques mots ce que j'ai finalement appris en tant qu'enseignant. (…)
L'apprentissage n'est pas le produit de l'enseignement.
L'enseignement ne fait pas l'apprentissage.
Les apprenants font l'apprentissage. Les apprenants créent l'apprentissage. On l'a oublié parce que le fait d'apprendre a été transformé en un produit nommé « éducation », exactement comme l'activité qui consiste à prendre soin de sa santé est devenue le produit « soin médical » et l'activité de faire des recherches sur le monde est devenu le produits « science », un truc spécialisé accompli uniquement par des gens dotés d'appareils compliqués coûtant des milliards de dollars. Or la santé n'est pas un produit et la science est quelque chose que vous et moi pratiquons tous les jours de notre vie. De fait, le mot science est un synonyme du mot apprentissage. »

Les enfants apprennent de tout ce qu'ils expérimentent et observent, et ce, où qu'ils soient, et pas seulement dans les lieux spécialement prévus à cet effet ; et « ils sont plus intéressés par les objets et outils que nous utilisons dans notre vie quotidienne que par la plupart du matériel éducatif spécialisé fabriqué à leur intention. »
Prêtons-leur simplement et véritablement attention, et répondons à leurs questions s'ils en ont, mais juste à leurs questions...


La semaine prochaine la suite :
des pistes concrètes pour les aider à faire leurs propres connexions, leurs propres apprentissages.

* Traduction du livre How Children Fail, paru aux éditions Castermann en 1964 (John Holt)


Ceci est un article des Vendredis Intellos  : suivez le lien :

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